L’histoire de Yougo

Le surnom patronymique des habitants de Yougo Dogorou est Doumbo, ce qui veut dire  »rocher ». Les anciens disent que ce nom réfère à Bamba, une région où ils sont restés temporairement avant de se rendre à et de s’installer sur le mont isolé de Yougo. Dans son ouvrage « Les âmes des Dogons », (Paris, 1941), Germaine Dieterlen ne mentionne pas de migration via Bamba. Mais dans son livre « Les Devises des Dogons », (Paris, 1941), Solange de Ganay fait la remarque que le Tige de la montagne de Bamba est « Bamba dumboo dumbo » signifiant « rocher, le rocher de Bamba ». Yougo Dogorou est unique. Le village est perché à coté du sommet d’un mont isolé, séparé de la falaise. Un rocher énorme, dénommé « l’enclume », surgit à coté du village. Des grottes ouvertes, abritant des constructions Tellem et Dogon, surplombent le village. De nos jours son isolement produit un effet opposé. La plupart de la population adulte a migré vers les villages des plaines Seno-Gondo où les conditions de travail sont beaucoup plus faciles. Le village est habité par peu de familles et par quelques anciens qui sont les gardiens des autels locaux. A certaines occasions des membres de famille et des parents visiteront le village. A la mort d’un ancien parent, ils se rencontreront en grand nombre et participeront aux rites de funérailles et aux dances. La face de la falaise vers l’ouest du village est saupoudrée des grottes ouvertes contenant  des constructions laissées par les Tellem. Les premiers migrants Dogon de la tribu Arou, s’établissaient au pied de la falaise. Des traces de leur passage sont encore visibles. Des vieilles fondations peuvent être distinguées et des meules sont répandues. Il n’y a pas de sentiers menant à cet endroit. Il faut se frayer un chemin autour et au dessus des rochers gigantesques.

Lieu initial d’établissement

Quant à la conviction traditionnelle, deux lieux au pays Dogon ont une importance cruciale. Des deux cotés la tribu des Arou assume l’autorité suprême. Arou est l’endroit de la résidence du Hogon, dont l’autorité religieuse couvre tout le pays. Etant un prêtre de rites agricoles, il représente la Terre, la fertilité et la vie. C’est à lui de garantir la perpétuation de son peuple. En ce qui concerne Yougo Dogorou, c’est ici où commence le Sigui, le rite qui célèbre la mémoire du premier ancêtre, qui mourut sous la forme d’un serpent. Ce rite a lieu une fois par 60 ans et représente le renouvellement des générations. C’est aussi dans ce village dans lequel se trouve la grotte sacrée de Albarga, le vieil homme du mythe découvert  par Yayeme, la dame qui confisquait les masques des Andoumboulou. Les gens viennent de loin faisant des sacrifices pour se protéger contre la sorcellerie. Aussi dans le cas des problèmes sérieux concernant les masques, les anciens du village seront consultés par des visiteurs et des affaires seront discutées au Togu Na, au bord de la place centrale du village. Dans son « Masques Dogons » Marcel Griaule mentionne l’existence à Yougo Dogorou de la canne d’Albarga, qui est employée dans les rites des faiseurs de pluie. De nos jours ce rite est toujours actuel. Des villages de la région qui souffrent des sécheresses sévères peuvent invoquer cette canne d’intervenir et de bloquer les malfaiteurs qui sont responsables pour le manque de  pluie. Une fois par trois ans, une délégation de Yougo Na, de Yougo Dogorou et de Yougo Piri visitera ces villages qui ont demandé de l’assistance. Au moyen de la canne, le coupable sera rituellement découvert et il mourra dans les trois années qui suivent. Ainsi, ce village où c’est très difficile à vivre, ne sera jamais abandonné à cause de son rôle important au pays Dogon. Aujourd’hui les jeunes du village vivent dans la plaine et s’occupent de la moisson tandis que leurs femmes et leurs enfants petits vivent dans le village pour prendre soin des anciens, des maisons et de la société des masques qui signifie autant pour toute la région Dogon.